Le Secrétaire intime est fondamentalement lié à l’aventure parisienne et vénitienne de George Sand et Alfred de Musset, dans les années 1833 et 1834 où se rédige le roman. Leur intimité littéraire est étroite, ils échangent idées, manuscrits, modèles, travaillent côte à côte, lisant ensemble Hoffmann dont l’influence sur Le Secrétaire intime est manifeste.
Mais « il y a deux êtres en Musset : l’un enjoué et charmant, l’autre jaloux, irritable, excessif », note Pierre Salomon, un des plus fins biographes de George Sand. La romancière, comme la Princesse Cavalcanti dans Le Secrétaire intime, voudrait voir tolérés ses amis. La jalousie aboutit aux soupçons les plus insensés. Une femme peut présenter les apparences de la légèreté en demeurant irréprochable. Le Secrétaire intime est un jalon important de la pensée féministe de George Sand. Elle s’élève contre une jalousie tyrannique et injuste, qu’elle connaîtra à nouveau avec Chopin, modèle du Prince Karol de Lucrezia Fiorani.
Le Secrétaire intime reflète la tonalité vénitienne, riche de passions, de musique et de sensualité. À la cour de Quintilia Cavalcanti, où se déploie le Bal entomologiste, et dans le personnage stendhalien de Saint-Julien, le « secrétaire intime », s’incarnent ainsi romanesquement les drames de l’amour et de la jalousie.
Cette édition est présentée par Lucy Schartz, professeur de littérature française à l’université du Nord-Dakota, à Grand Forks.